La campagne foisonnante d’invitations et d’affiches appelant à des vœux festifs à l’Hôtel de Ville, avec nombre d’animations censées attirer les familles s’est soldée par un résultat décevant pour la municipalité. Très peu de Grenoblois ont répondu à l’appel et une manifestation pro-palestinienne a rendu inaudible la totalité du discours d’Eric Piolle.
Non seulement Eric Piolle, le maire de Grenoble, ne se prononce pas pour l’arrêt des massacres israéliens à Gaza, mais il compte en plus relancer un jumelage avec la ville de Réhovot. Des militants sont donc allés protester lors de sa cérémonie de voeux.#Palestine_Genocide… pic.twitter.com/6iorU4BpSV
— CAPJPO - EuroPalestine (@Europalestine1) January 23, 2024
Pour être anecdotique, elle a marqué du sceau des difficultés le début de la nouvelle année pour la majorité municipale.
D’autant qu’en face, le Dauphiné relevait quelques jours plus tard, s’agissant des vœux du groupe d’opposition d'Alain Carignon, "une salle pleine à craquer, avec des chaises installées en rond et beaucoup, vraiment beaucoup de monde se tenant debout sur les pourtours".
Ce contraste ne dirait pas grand-chose si les difficultés et les revers d’une origine commune ne s’accumulaient pas .
La nouvelle montée au créneau d’Eric Piolle appelant à la réquisition des logements, rappelant avec force "qu’un logement doit être occupé" afin de répondre à la tension des nombreux demandeurs d’hébergement d’urgence en particulier dans la période de grands froids avait tout pour être bien reçue. Sauf que le niveau de logements inoccupés à Grenoble, avec 17% est l’un des plus élevés et l’opposition a adressé aux médias des images d’appartements vides, de maison vide depuis une dizaines d’années, appartenant à la Ville.
Sur ce thème également la communication à vocation probablement nationale du maire se heurte aux pesanteurs d’une gestion municipale qui ne suit pas.
Enfin le programme de l’année de commémorations du 80e anniversaire de la Libération de Grenoble relève de la même dichotomie. Ce type de célébration à vocation consensuelle ne peut être que bénéfique au maire en place. Mais les premières annonces se sont limitées à des conférences sur l’apport des tirailleurs d’Afrique et des filles de la main d’œuvre immigrée à la Résistance, évidemment remarquable.
Dans une ville Compagnon de la Libération avec la présence des Maquis du Vercors et de l’Oisans et de grandes figures de la lutte contre les nazis, cette entrée était très limitée. L’intention politique avec l’actualité des débats sur l’immigration n’a échappé à personne.
Dans l’ambiance politique locale, avec les exclusions qui ont touché 7 élus de la majorité municipale et l’augmentation massive des impôts, les élus écologistes sont contraints d’affronter une fin de deuxième mandat plus délicate. Pendant une décennie , dans un climat porteur, les déclarations d’intention étaient reçues comme autant de directions engagées pour un résultat futur, dans le cadre du défi climatique mobilisant toutes les énergies. Aujourd’hui, du dernier lancement de groupes de travail pour créer une "sécurité sociale alimentaire" ou d’un "permis de louer", beaucoup retiennent l’augmentation des dépenses de fonctionnement pour des effets peu mesurables.
Après des déconvenues diverses qui émaillent la gestion de la ville, ce type de communication est observé de plus près et plus souvent confronté aux résultats. La municipalité se retrouve dans la situation où elle devait réduire la voilure des coups de com’ et consacrer ses moyens à la solution des problématiques concrètes des Grenoblois. Au moment où, justement, ses difficultés financières réduisent considérablement ses marges de manœuvre.
Le choix va donc devenir de plus en plus aigu entre l’un et l’autre. Il sera déterminant pour les sortants et la future confrontation électorale.