L'organisation a fait le tour des quatre centrales de Saint-Alban (Isère), Bugey (Ain), Cruas (Ardèche), Tricastin (Drôme) et ainsi vérifié les installations mais aussi inspecté le personnel.
C'est lors d'une conférence organisée ce jeudi au sein des bureaux de la DREAL (Direction régionale de l'environnement de l'aménagement et du logement), que l'Autorité nucléaire de sûreté (ASN) a présenté son bilan 2017 sur les centrales de la région.
Et la situation est plutôt satisfaisante. Malgré la fuite de tritium en décembre 2017 dans la centrale nucléaire du Bugey, l'ASN se veut plutôt optimiste. Le déclenchement de deux plans d'urgences a poussé l'organisation à rester vigilante sur ce secteur. "Notre action de contrôle va porter sur des événements qui peuvent se produire. Elle vise aussi des inspections de la sûreté au quotidien sur les installations et leur état. […] La situation du site du Bugey est dans la moyenne des centrales EDF, malgré les événements notables, comme la fuite de tritium fin 2017 ou l'incendie qui s'est produit en juin 2017 sur la toiture de ce site", explique Marie Thomines, chef de la division de Lyon de l'ASN.
La centrale de Saint-Alban se "distingue de manière positive" par rapport à la moyenne du parc EDF selon l'ASN. Les sites de Bugey et Cruas restent dans la moyenne et celui de Tricastin est quant à lui en retrait. L'organisation a relevé plusieurs évènements "significatifs" qui ont mis en évidence des lacunes comme notamment la mauvaise surveillance en salle de commande des réacteurs. L'ASN avait par ailleurs imposé à la centrale de Tricastin un arrêt d'exploitation pendant plusieurs mois dû à "la tenue insuffisante" du site face aux éventuels séismes de la digue du canal Donzère-Mondragon.
L'ASN annonce également la levée de surveillance qu'elle opérait à l'usine de Framatome de Romans-sur-Isère depuis 2014. Une situation qui s'explique par les progrès réalisés par l'usine.
Et le bonnet d'âne revient à l'Institut de Laue-Langevin (ILL) de Grenoble. L'ASN a mis en demeure le site de l'ILL afin de "modifier son organisation pour se conformer à la réglementation.
Un examen périodique des centrales, le quatrième en 40 ans, sera réalisé par l'ASN dès l'année prochaine. Certains réacteurs seront donc fermés à tour de rôle dans l'objectif de répondre aux différentes conformités et de réévaluer la sûreté. Les mesures commenceront par la centrale de Tricastin en 2019, Bugey 2 et 4 en 2020, Bugey 5 et Tricastin 2 en 2021.
Les lacunes dans la prévention des incendies
Même si l'ASN a relevé des progressions, une inquiétude persiste pour l'organisation : les risques d'incendies. Selon l'organisation, la situation n'est pas satisfaisante. Elle note également un manque de maîtrise sur les sites de Tricastin ou Saint Alban. Il y eu un départ de feu "maîtrisé" à Cruas, et le départ de feu de la toiture de la centrale de Bugey. Elle s'applique donc à surveiller plus sérieusement ces sites.
L'organisation relève cependant une bonne prévention en ce qui concerne les inondations ou l'explosion des barrages hydrauliques. "En ce qui concerne la question du barrage de Vouglans, effectivement ce scénario est pris en compte dans le dimensionnement de la centrale. Ça veut dire que la centrale est protégée contre la rupture du barrage cumulée à une situation de crue du fleuve", affirme Marie Thomines.
Des actions de surveillance dans les centrales mais aussi à l'hôpital
Les contrôles effectués par l'ASN ne se limitent pas aux centrales nucléaires. Les centres médicaux qui bénéficient de l'imagerie radio, qui exercent la radiothérapie ou qui pratiquent des interventions radioguidées sont également assujettis à des vérifications.
Dans cette catégorie, l'ASN fait état d'un manque de culture en ce qui concerne la radioprotection à la fois du personnel médical et des patients. "En ce qui concerne les activités médicales, il y a deux champs qui présentent des enjeux : la radiothérapie d'une part et les pratiques interventionnelles de l'autre. Notre rôle, c'est de faire en sorte que les centres prennent en compte les risques liés à la radioprotection", précise la chef de la division de Lyon de l'ASN.
Un intense suivi est par ailleurs réalisé par l'Autorité de sûreté nucléaire au sein de l'Institut de cancérologie Lucien Neuwirth (ICLN) à Saint-Priest-en-Jarez dans la Loire. L'organisation aurait constaté plusieurs anomalies dans les protocoles d'utilisation comme l'explique Marie Thomines. "On se place dans une démarche de prévention, on n'attend pas d'avoir des signes sur des patients pour réagir. Quand on voit des dysfonctionnements comme des rapports conflictuels, des formations qui ne sont pas réalisées face aux nouvelles techniques, ou un certain nombre de protocoles qui ne sont pas écrits, on se dit que se sont autant de facteurs de risques pour ce type d'établissement. Et on est donc amené à renforcer notre action", ajoute Marie Thomines.
Des dysfonctionnements qui ont poussé l'ASN à se déplacer plus régulièrement. Elle a dû intervenir trois fois en un an alors que le rythme d'inspection est plutôt d'une visite tous les trois ans.